Stage d’octobre avec Xavier Géraud et sa fille Noémie

Publié par Mélanie Forné le

Jeudi 25 octobre, malgré des vacances scolaires bien avancées, les membres du KCC étaient nombreux pour accueillir Xavier Géraud, venu donner un double stage : d’abord pour les enfants, puis pour les adultes. Le thème central de cette soirée était le kata et ses applications.

 

Les jeunes membres du KCC ont donc bénéficié des enseignements de Xavier. Après avoir commencé l’entraînement par des jeux de mise en condition physique, de rapidité et d’esquive, ils ont travaillé sur le kata Heian Shodan, en le décomposant, pas à pas : d’abord, les blocages, les attaques, et les positions séparément ; puis, tout ensemble. L’attention s’est ensuite portée sur l’enchaînement du kata dans son entier. Enfin, le cours a abouti à la réalisation de bunkais portant sur certains passages du kata.

Les jeunes karatekas ont pu prendre ainsi conscience que le kata, dont ils questionnent parfois l’utilité, est un exercice complet qui demande au pratiquant une grande quantité de ressources aussi bien physiques que mentales, telles qu’une bonne coordination corporelle, une maîtrise du positionnement du corps par rapport à soi et par rapport à l’espace, une capacité de précision dans le geste et l’intention, tout autant qu’un gros travail de mémoire et de concentration.

Le cours a aussi bénéficié de la participation de Noémie Géraud, fille de Xavier, qui du haut de ses 12 ans, présente un impressionnant palmarès depuis ses 9 ans, accumulant les titres de championne kata départementale et de ligue, mais aussi championne de la Milon Coupe et Coupe d’Orléans. Noémie a clôturé le cours, par une démonstration du kata Kanku Dai, pour le plus grand plaisir des participants et suscitant l’admiration de tous… membres du club, et parents ! Sa recherche de perfection dans l’exécution, sa concentration extrême, et la détermination visible dans son regard et son attitude, auront été une source d’inspiration pour tous nos jeunes karatékas et compétiteurs !

 

Xavier a ensuite enchaîné sur le stage pour les adultes. Toujours tourné sur l’étude du kata, Xavier nous a fait partager une approche surprenante de cet exercice, en prenant les choses en sens inverse : en effet, au lieu de partir du kata pour tenter de trouver une application de combat réel (à la manière dont nous le pratiquons en bunkai moderne), nous sommes partis d’exercices d’opposition à deux, et à force de simplification, nous sommes revenus aux séquences présentes dans les katas tels que nous les pratiquons de nos jours. Démarche invitant à découvrir la source des enchaînements modernes et d’acquérir ainsi à une connaissance plus élargie et plus approfondie du kata.

 

Le principe était tout aussi inhabituel que stimulant. Ne plus voir le kata comme un ensemble de techniques mises les unes à la suite des autres, ou comme une chorégraphie vide de sens. Au contraire, le voir comme l’enregistrement corporel d’un ensemble de situations de combat, ou d’exercices, entre deux karatekas (ou plus), mais dont le détail technique est caché dans la gestuelle. Caché, car modifié au fil des ans par des générations de karatekas.

 

Xavier nous a rappelé que le karaté, à ses débuts, pouvait être enseigné à de petits groupes de personnes, voire à un seul élève a la fois. Comment, alors, se souvenir et répéter des enchaînements appris avec un partenaire (voire, avec son sensei), lorsqu’on se retrouve seul ? A force de répéter les enchaînements dans le vide, les mouvements ont été simplifiés, voire modifiés par les différents maîtres, pour être reproductibles seuls, mais tout en gardant la mémoire de l’enchaînement appris à deux.

Certains mouvements pourraient même avoir été symbolisés. Par exemple : pourquoi ne pas décider de symboliser les techniques de saisie et de projection (difficiles à reproduire seul) par des techniques à main ouverte ?

Au fil du temps, avec la répétition, la simplification et la symbolisation des gestes, les katas ont évolué de telle manière, qu’il est devenu bien difficile, voire impossible, de retrouver l’enchaînement originel qui leur a donné forme. C’est, du coup, toute la difficulté du travail du bunkai : redonner leur sens combatif aux gestes d’un kata… mais sans en avoir le mode d’emploi.

Les katas peuvent continuer d’évoluer de nos jours, au fil du temps, même si les conditions actuelles de la pratique du karaté ont conduit à rigidifier la gestuelle (notamment pour harmoniser les passages de grade et les compétitions).

 

Comme toujours avec Xavier, la théorie et la pratique se sont harmonieusement (et intensément !) complétées au cours de ce stage. Nous avons donc commencé par travailler des situations de combat à deux, puis dans le vide. Puis une fois encore, nous avons répété le même enchaînement dans le vide, mais en simplifiant une ou deux techniques qui, exécutées sans partenaire, perdait de leur consistance. Après deux passes de simplification, la gestuelle avait été « nettoyée » de ses mouvements parasites, codifiée dans ses positionnements (de face, de profil, de 3/4), et l’on reconnaissait un morceau de kata connu, tels qu’Empi, ou Heian Godan, tout en gardant la mémoire corporelle de la situation initiale travaillée avec partenaire.

Autrement dit, au cours de ce stage, nous avons réalisé un saut vers l’apprentissage ancestral en configuration de combat, pour remonter doucement, par réduction et théorisation, vers la forme actuelle et individuelle du kata.

 

De quoi faire réfléchir sur la pratique du kata et sur la recherche de bunkai !

Le KCC est heureux de cette soirée, et remercie Xavier et Noémie d’être venus nous offrir ces moments riches en enseignements.

Stage Xavier Géraud, 25 10 2018 Affiche pour le stage X. Géraud, 25 10 2018


0 commentaire

Laisser un commentaire

Emplacement de l’avatar

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *